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La santé mentale des jeunes se dégrade toujours

59% des étudiants déclarent être souvent "épuisés, sans énergie", 58% "anxieux" et 48% se disent "souvent tristes, déprimé(e)s".
59% des étudiants déclarent être souvent "épuisés, sans énergie", 58% "anxieux" et 48% se disent "souvent tristes, déprimé(e)s". © Adobe Stock/Valerii Honcharuk
Par Amélie Petitdemange, publié le 09 septembre 2024
7 min

Selon plusieurs études, la santé mentale des jeunes est toujours en berne. Si la crise sanitaire a mis en évidence ce mal-être, d'autres facteurs pèsent sur le moral des 18-24 ans.

La santé mentale des jeunes se dégrade de plus en plus, selon plusieurs enquêtes. Selon une étude de la Fondation April menée auprès des 18-25 ans en juin dernier, quatre jeunes sur dix ont déjà pensé au suicide.

Des déclarations confirmées par le bilan des passages aux urgences, publié par l'organisme Santé Publique France en août. Les passages pour "idées suicidaires" sont en augmentation constante chaque année : entre 2020 et 2024, ils sont passés d'une cinquantaine à près de 150 par semaine pour les 18-24 ans.

Les symptômes de mal-être sont également prégnants : 59% d’entre eux déclarent être souvent "épuisés, sans énergie", 58% "anxieux" et 48% se disent "souvent tristes, déprimé(e)s".

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Une hausse du mal-être depuis le Covid

Louis Soutrelle, ex-écoutant et porte-parole de la plateforme d’écoute Nightline, observe une hausse constante du nombre d’appels depuis la création de l’association, en 2016, avec notamment un pic lors des confinements. "Cette année, nous avons pris 40% d'appels supplémentaires par rapport à l'année dernière", pointe le bénévole, diplômé cette année d’un master de psychologie.

Une explosion qui s’explique selon lui par deux facteurs : la notoriété grandissante de la plateforme, mais aussi la forte dégradation de la santé mentale des jeunes, particulièrement depuis le Covid. Ainsi, 41% des étudiants présentaient des symptômes dépressifs en 2023, contre 26% avant la crise sanitaire, selon une étude de l'université de Bordeaux. "Nous observons aussi de plus en plus d’idées suicidaires lors des appels", confirme Louis Soutrelle.

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Les BAPU notent les mêmes tendances. "Les listes d’attente pour nous consulter s’allongent. Nous avions deux ou trois mois d’attente avant le Covid, contre six mois désormais", raconte Amandine Buffière, psychiatre et directrice médicale du BAPU Claude Bernard à Paris (75).

Bien que de plus en plus lointaine, la crise sanitaire laisse des traces. Et s’ajoute à un millefeuille de facteurs déjà présents avant ce choc. "Les confinements sont terminés, mais les séquelles psychologiques perdurent. La santé mentale dépend de ce qu'on a vécu dans le passé. Par ailleurs, si nous en parlons de plus en plus, le mal-être est présent chez les jeunes depuis de nombreuses années", explique Louis Soutrelle.

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De multiples facteurs affectent la santé mentale des jeunes

Pour Amandine Buffière, le Covid a en effet été une bascule, mais les raisons de ce mal-être dépassent la crise sanitaire. Le contexte économique global, ainsi que l’individualisme, entrent notamment en jeu.

"Moins il y a de liens sociaux, plus il y a de souffrances psychiques. La question de l’écoanxiété est aussi présente, avec des projections dans l'avenir plus négatives, qui induisent d’ailleurs une baisse du désir d’enfants chez les jeunes", souligne la psychiatre.

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Un "millefeuille" de facteurs pèse sur la santé mentale des jeunes. Ainsi, les thématiques abordées lors des appels sont multiples : les difficultés en lien avec l'isolement, la relation avec les autres, l'anxiété causée par les études, le changement climatique, ou encore la précarité financière.

Certains étudiants viennent pour des problèmes plus spécifiques, comme des questionnements de genre, ou une agression sexuelle.

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Une période de remise en question

S’il n’y a pas de profils d’étudiants plus touchés que les autres par les troubles de la santé mentale, c’est plutôt cette période de vie qui entraine des fragilités.

"Pour ces jeunes adultes, c'est un moment d'interrogation sur la vie d'après mais aussi de sortie de la famille, où ils commencent à s’interroger sur ce qu'ils ont vécu pendant l'enfance. Mais ça peut être de bon augure de se poser des questions, de réaliser des traumatismes", explique Amandine Buffière.

Elle reçoit par exemple "de très bons élèves, des personnalités résilientes, qui, une fois confrontés à eux-mêmes dans leur nouvelle vie d’étudiants, présentent des symptômes de troubles psychiques".

Le passage à l’université peut aussi réveiller des fragilités. Cette soudaine autonomie demande des ressources. Les étudiants en médecine et en prépa sont quant à eux soumis à une forte pression.

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Un âge charnière pour certaines maladies mentales

Enfin, Amandine Buffière souligne que la période entre 17 et 25 ans est un âge de déclenchement des maladies mentales, la bipolarité par exemple.

"C'est d'ailleurs un problème en France. Nous avons très peu de moyens d'accompagnement intensif pour cette tranche d'âge alors que c'est un moment charnière", souligne Amandine Buffière.

En France, il existe seulement une quinzaine de BAPU. Les étudiants qui n'ont pas de structure proche d'eux ou qui font face à trop d'attente doivent se tourner vers le libéral, qui est onéreux. Ils peuvent aussi bénéficier de douze séances gratuites avec le service "Mon Soutien Psy". Le dispositif est cela dit moins adapté aux étudiants qui ont besoin d'un suivi psychothérapique et médical plus lourd.

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Des difficultés à consulter

Les listes d'attente à rallonge pour consulter dans un BAPU renforcent une problématique existante : le non-recours des étudiants.

"Beaucoup d'étudiants pensent que ce n’est pas légitime de ne pas se sentir bien alors qu'on accède aux études supérieures, qu'on a des amis et une famille. Ils se disent que d'autres en ont plus besoin qu'eux. Alors que non, c'est très important d'en parler", encourage Amandine Buffière.

"Il n'y a pas de petit problème, nous sommes là pour tous les étudiants", confirme Louis Soutrelle. L’étude menée par la Fondation April souligne en effet que six jeunes sur dix n’ont jamais consulté de spécialiste de la santé mentale (psychologue, psychiatre…).

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Que faire si je vais mal ?

Vous vous sentez seul

Loin de votre famille, nouveau à l'université… L'isolement est un facteur de mal-être. La psychiatre Amandine Buffière conseille de s'intégrer dans une association sportive ou culturelle, même si cela peut être difficile lorsqu'on ne va pas bien.

Vous pouvez aussi vous rendre dans le SSU afin de bénéficier d'une consultation et d'être redirigé vers d'autres dispositifs selon vos besoins.

Vous traversez une période difficile.

Au moindre épisode de tristesse, trouvez quelqu'un à qui vous confier. Vous pouvez vous tourner vers un BAPU ou une plateforme téléphonique type Nightline ou Cnaé.

Sur le site kitdevie.fr créé par Nightline, vous trouverez aussi des conseils, avec des outils pour prendre soin de soi et de votre santé mentale et de vos proches : exercices de respiration, identification des émotions, ou encore dictionnaire de la santé mentale.

Votre santé mentale risque d'influer sur vos études

Lorsqu'on va mal, les études en pâtissent. Pour vous aider, les BAPU peuvent demander aux SSU des adaptations des études ou des examens, comme un allongement des études. Ces aménagements permettent de continuer ses études malgré un trouble de santé mentale.

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