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Décryptage

Trump, Ukraine, Gaza… Comment l'actualité internationale s'invite dans les cours de sciences politiques

"L’enjeu, c’est de donner des outils intellectuels qui permettent aux étudiants de comprendre l’actualité sous un angle différent de celui des médias", explique Jean-Claude, responsable d'un master de sciences politiques à Paris.
"L’enjeu, c’est de donner des outils intellectuels qui permettent aux étudiants de comprendre l’actualité sous un angle différent de celui des médias", explique Jean-Claude, responsable d'un master de sciences politiques à Paris. © White House/ZUMA-REA/Danylo Antoniuk/ZUMA-REA/Doaa el-Baz/ZUMA-REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 08 avril 2025
1 min

De nombreux enseignants ont coutume d'intégrer l'actualité internationale dans leurs cours, notamment en sciences politiques. Les étudiants sont très demandeurs d'un décryptage de ces événements contemporains, qui leur permet de mieux comprendre l'histoire et les théories.

Guerres en Ukraine et à Gaza, élection de Donald Trump… En ce moment, difficile de faire l'impasse sur l'actualité politique internationale. Dans l'enseignement supérieur, elle va jusqu'à chambouler les programmes d'histoire, de sciences politiques ou encore de sociologie.

"Depuis deux ans, l’actu internationale s’est invitée dans certains cours", confirme Anne Bazin, maîtresse de conférences à Sciences po Lille (59). L'élection de Trump ainsi que son implication dans les négociations de la guerre en Ukraine est en effet "un virage important en termes de relations internationales", explique-t-elle. "Cela affecte les étudiants, de l'annulation de stages jusqu'à la possibilité d'entrer en guerre", ajoute Anne Bazin.

L'enseignante inclut ces actualités dans ses cours de relations internationales. "Par exemple, le fait que Trump est en train de déconstruire le soft power est une bonne illustration de ce concept", illustre Anne Bazin.

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L’actualité sous le prisme de la sociologie

Jean-Claude*, responsable d'un master de sciences politiques dans une université parisienne, aborde les conflits internationaux sous le prisme de la sociologie. "L’enjeu, c’est de donner des outils intellectuels qui permettent aux étudiants de comprendre l’actualité et de l’aborder sous un angle différent de celui des médias", explique l'enseignant.

Une approche sociologique des faits d’actualité que Nikoloz, étudiant en master 2 conflits et crises internationales à Paris 1, juge "très pertinente". "On apprend à déconstruire, à passer de la simplicité à la complexité et la nuance. Par exemple, pour l’administration Trump, on voit qu’il a une façon transactionnelle de fonctionner. On a aussi tendance à oublier qu’il y a tout un système étatique derrière un dirigeant", explique le jeune homme.

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Comprendre le présent au regard du passé

L'actualité internationale s'imbrique ainsi facilement dans les cours concernant les conflits. "Nous avons eu un exposé très intéressant sur le génocide actuel à Gaza, qu’on a mis en regard avec le génocide des Tutsis au Rwanda. Je n’avais pas réalisé qu’il y avait des dynamiques communes", illustre Julia, étudiante dans ce même master.

Et si étudier l'histoire permet aux étudiants de mieux comprendre l'actualité, les événements en cours peuvent aussi être replacés dans leur contexte historique. "Par exemple, le conflit ukrainien a une forte proximité avec l’effondrement yougoslave et les guerres qui en ont suivi. Il s'agit de leur montrer que c’est l’amplification d’un processus qui avait commencé bien avant. Cela permet de prendre du recul et de donner du sens", souligne Jean-Claude.

Cela dit, certains événements poussent aussi les professeurs à revoir totalement leurs programmes. Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine en 2022, Jean-Claude a interrompu son cours de sociologie générale et l'a complètement transformé pour le recentrer sur l'Ukraine. "J'ai auparavant demandé aux étudiants ce qu’ils préféraient entre poursuivre le cours prévu ou basculer dans un cours de sociologie centré sur l'Ukraine", explique-t-il.

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Apporter "ce qu'on ne voit pas dans les médias"

Les étudiants sont en effet très demandeurs à ce sujet. "Ils sont contents d'avoir un autre éclairage sur l’actualité et d’être armés de grilles d’analyse, ça leur permet d’avoir une lecture plus fine des événements et d’entrer dans des nuances qui ne sont pas toujours évidentes à saisir de prime abord", affirme l'enseignant parisien. Cette prise de recul permet par ailleurs de calmer les angoisses liées à ces événements anxiogènes.

"Je m’attends à ce que les profs soient rigoureux sur les détails et nous apportent ce qu’on ne voit pas dans les médias", confirme Nikoloz. "Ce qui nous intéresse, c’est de comprendre le monde actuel. Les profs ont des visions et une expérience très enrichissante, donc nous voulons profiter de leurs connaissances au regard de l’actualité", complète Julia.

Selon elle, le traitement de l'actualité en cours vient souvent d'une demande des étudiants. "Certains profs saisissent la perche, quand d’autres sont davantage attachés à leur programme", constate-t-elle.

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Etudier des cas plus contemporains

Pour Lisa, l'actualité internationale peut aussi servir à illustrer certains points de cours. "On voudrait appliquer les théories classiques, comme le bilatéralisme ou le multilatéralisme, aux conflits contemporains plutôt que de faire des études de cas sur des sujets plus anciens, comme la Yougoslavie ou le Rwanda", pointe l'étudiante en master conflits et crises internationales.

Et au-delà de l'analyse des actualités internationales, les étudiants sont aussi avides de clés pour bien s'informer. À Sciences po, Anne Bazin a organisé une séance pour faire face à "une avalanche d’infos et de fausses infos qui complexifient l’analyse des événements". Les étudiants acquièrent ainsi des outils méthodologiques pour analyser ces informations.

*Le nom a été modifié par souci d'anonymat.

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