
C'est une nouvelle carte politique qui se dessine, sans majorité absolue à l'Assemblée nationale, après la dissolution. Le Nouveau Front populaire (union de la gauche) se place devant Ensemble (majorité présidentielle) et devant le Rassemblement National et ses alliés.
Le corps électoral s'est mobilisé, puisque 66.63 % des votants se sont exprimés. Une participation forte donc, qui infirme la dynamique du Rassemblement national des élections européennes du 9 juin et du 1er tour des législatives, le 30 juin.
Ce mouvement général rejoint les aspirations des acteurs de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur.
Des nombreuses institutions se sont exprimées avant le premier tour des législatives
Avant le 1er tour du 30 juin, de nombreuses voix se sont élevées, prudentes. C'est le cas de France Universités, le 13 juin, qui appelait à une participation "plus large" aux législatives pour défendre "une démocratie exigeante".
Côté recherche, l'Académie des Sciences demandait, le 18 juin, de "la vigilance quant au respect des valeurs essentielles en démocratie" (avant de solliciter "la vigilance républicaine", le 1er juillet).
De son côté, l'Académie des technologies a rappelé "la nécessité de maintenir des conditions favorables à la transition écologique et énergétique, à l’innovation, au renouveau industriel et à la souveraineté européenne au service de tous", le 26 juin.
Dès le 25 juin, pourtant, le Congrès de l'Université de Strasbourg, qui rassemble les représentantes et représentants élus des conseils centraux et du comité social d'administration d’établissement, soulignait "la gravité des conséquences que cela [l'accession au pouvoir de partis d'extrême droite] pourrait avoir sur l’enseignement supérieur et la recherche."
Des prises de position plus fortes après le premier tour
Au fur et à mesure de la campagne et notamment après le 1er tour, certaines prises de position se donc sont affirmées, comme celle, conjointe, de France Universités, de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM), de la Conférence des directeurs des écoles d'ingénieurs (CDEFI) et de la Conférence des grandes écoles (CGE), le 1er juillet, pour "dire non au Rassemblement national pour les universités et les écoles".
Dans la presse, des collectifs d'universités ont également pris position, comme les universités du Grand Ouest ou encore les présidents des universités et des grandes écoles de Nouvelle-Aquitaine. Le réseau IAE France, a rappelé, de son côté, son "attachement aux libertés académiques, aux principes républicains et aux valeurs de service public".
D'autres acteurs institutionnels ont suivi, comme l'Académie de médecine, le 5 juillet, qui souligne "l’absence totale de crédibilité des déclarations programmatiques du Rassemblement National sur les sujets scientifiques et médicaux et l’abandon des valeurs humanistes" ou encore le Collège de France, appelant les citoyens et les élus à un "engagement renouvelé en faveur de l’humanisme, de la science et de l’ouverture sur l’Europe et sur le monde".
Une pétition de cadres de l'Éducation nationale
Plus rarement, des personnalités ont souhaité prendre la parole, comme Pablo Diaz, directeur de Sciences po Rennes, qui a partagé son témoignage "d'ancien réfugié politique chilien".
En leur nom personnel, près de 3.300 cadres de l'Éducation Nationale ont également signé une pétition affirmant qu'en tant que "fonctionnaires d’État, en conscience et en responsabilité [ils] n’obéir[aient]", en cas de victoire. Parmi eux, notamment, des inspecteurs de l'Éducation nationale ou des chefs d'établissement.
Une direction à donner
Si le Rassemblement National a, selon les souhaits des institutions qui se sont exprimées, reculé dans les urnes, la suite reste à écrire. Tandis qu'Emmanuel Macron attend "la structuration de la nouvelle Assemblée", Gabriel Attal devrait conserver son poste de Premier ministre durant cette période d'incertitude.
Les forces législatives et la composition d'un nouveau gouvernement sont à éclaircir avant de savoir les décisions qui seront prises, dans les domaines de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur. Et de comprendre si les positions des différents acteurs ont été bien entendues.