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Portrait

Marine, maquilleuse SFX : "œuvrer pour le cinéma de genre français a toujours été mon but"

Par Rachel Rodrigues, Willane Djermoune, publié le 04 avril 2025
5 min

VIDÉO. Après des études à Paris 8 sur le cinéma, la jeune femme de 30 ans a trouvé sa vocation dans le maquillage SFX, une discipline de l'ombre de la conception des films. Elle nous raconte son métier, qu'elle exerce à l'Atelier 69 depuis cinq ans.

Des études sur le cinéma d'horreur français à la conception de prothèses pour les effets spéciaux des films, il n'y a qu'un pas, ou presque. C'est en tout cas le parcours singulier de Marine, 30 ans, aujourd'hui maquilleuse SFX à l'Atelier 69 de Montreuil. "J'ai tout de suite aimé l'aspect manuel du métier", explique-t-elle.

À quelques pas du visage moulé de Gilles Lellouche ou celui de Marion Cotillard, pas loin des dizaines de faux bébés et de faux ventres qu'ils utilisent sur les plateaux, Marine raconte comment elle en est arrivée là : "J'avais envie d'avoir un point de vue plus concret sur l'industrie que ce qu'on pouvait nous présenter en cours ou dans les bouquins", détaille l'ancienne étudiante en master de cinéma de Paris 8.

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"On m'a formée sur le tas"

C'est après plusieurs années passées sur les bancs de la fac que la jeune femme a trouve sa voie, lors d'un stage de plusieurs mois passés aux côtés d'Olivier Alfonso, co-fondateur de l'atelier, notamment connu pour avoir travaillé sur des films comme Le règne animal, Astérix & Obélix : l'empire du milieu, ou encore La Nonne

"Le premier stage était court, mais on m'a vite proposé d'en réaliser un second, pour être cette fois assistante : j'ai pu observer la pose des prothèses, commencer à gérer des petites choses", raconte la jeune femme, qui en a gardé un très bon souvenir. C'est à ce moment-là qu'Olivier Alfonso lui propose de rester pour la former au métier de maquilleuse. "On m'a formée sur le tas", se souvient-elle. 

Techniques de moulage, notions de couleur… "Cela reste un parcours qui n'est pas très commun pour arriver dans ce type de métier. Pour moi, l'apprentissage a été très dur", admet Marine, qui conseille de passer par des écoles qui forment aux métiers d'accessoiriste, ou encore aux techniques de reproduction, de moulage, ou de matériaux de synthèse, comme le DMA de l'Ensaama.

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De nombreux cursus peuvent former aux techniques des métiers du maquillage SFX. Parmi eux, des CAP, ou des diplômes nationaux des métiers d'art (DNMADE) liés aux compétences de reproduction, matériaux de synthèse, moulage, ou connaissance et traitement de la couleur. 

L'école d'effets spéciaux à Strasbourg, Métamorphoses, forme également des jeunes aux métiers du maquillage SFX et aux effets spéciaux.

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Moulage, sculpture, peinture...

Vieillissement, grossissement, blessures, effet monstrueux… Les prothèses à créer sont nombreuses et variées. Mais avant d'en arriver à l'effet escompté et à leur utilisation sur le plateau de tournage, plusieurs étapes et techniques se succèdent. 

Pour les prothèses de visage, "il y a d'abord le moulage", commence Marine. Pour cela, les acteurs viennent à l'atelier le temps qu'on crée le moule qui servira ensuite à fabriquer la prothèse. "Avec la technique traditionnelle du moule en silicone, cela peut prendre une bonne trentaine de minutes", précise la technicienne. Une chape en plâtre est conçue pour que le silicone ne subisse pas de déformations. Puis vient l'étape de la sculpture, celle du tirage (au silicone, la plupart du temps) et celle de la peinture, "pour se rapprocher au maximum de la carnation de peau de la personne", ajoute Marine.

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"On travaille dans la poussière"

Marine prévient : "c'est un métier qui demande beaucoup d'investissement de temps et d'énergie". Les journées peuvent être longues, et sont loin du poste confortable de bureau. "On travaille dans la poussière, au contact de matériaux toxiques, on est sale toute la journée", ajoute-t-elle. 

D'autant que, selon la jeune femme, une exigence doit être de mise, au quotidien. "Malgré les protocoles, une erreur est très vite arrivée", affirme la jeune femme, qui relativise néanmoins : "il ne faut pas hésiter à expérimenter, ne pas avoir peur de l'échec".

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Participer à la fabrication des films

Si Marine admet avoir appris énormément de choses en cinq ans, elle se réjouit de pouvoir encore se projeter sur de nouvelles perspectives d'apprentissage : "l'impression 3D, c'est une technique que je connais encore peu", illustre-t-elle, quelques minutes après nous avoir montré les quelques machines à disposition dans l'atelier.

Récemment, la jeune femme a aussi décidé de partir six mois travailler sur les effets pratiques du film The Substance. "C'était important pour moi de voir si je pouvais aussi travailler ailleurs que là où on m'a formée", explique Marine, qui ajoute : "en tant qu'intermittent du spectacle, on est amenés à bouger un peu comme on veut". 

La motivation de la jeune femme a toujours été un moteur pour son travail. "Œuvrer pour le cinéma de genre français a toujours été mon but. J'adore ce que je fais alors, je ne compte pas mes heures !" L'essence même de ses missions est d'ailleurs ce qu'elle préfère dans son métier : être au plus près de la conception même du projet, "participer", être au cœur de la fabrication des films, avant même qu'ils ne soient tournés.

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