Ecoles de commerce : que vaut le MiM, le master de l’INSEAD ?

Spécialisée dans la formation des cadres expérimentés, l'INSEAD a lancé il y a cinq ans son master, destiné à concurrencer les programmes Grandes écoles (PGE) du top 5 des écoles de commerce. Pour rivaliser, l’établissement de Fontainebleau compte sur son format plus court et sur une tonalité internationale.
"Il fallait compléter l’écosystème", explique Thibault Séguret, directeur du programme MiM (Master in Management) de l’INSEAD, pour évoquer la genèse du cursus, au milieu des années 2010. "Nous avons constaté que des profils plus jeunes cherchaient à faire du business, et il n’était pas logique que nous n’ayons pas de profils pré-expérience." L'INSEAD, jusqu’ici, se démarquait plutôt par son programme MBA, réservé aux cadres internationaux expérimentés, dotés de 10 ans d’expérience au moins.
Un recrutement à bac+3 ou bac+4
En cinq ans, le MiM s’est déjà frayé un chemin dans les classements internationaux : il se classe 3e au niveau mondial dans le dernier classement du Financial Times. Avec un mode d’admission dessiné pour concurrencer les PGE des écoles de commerce traditionnelles.
"Nos étudiants ont une licence et une forte capacité académique. Nous cherchons des profils efficaces, d’entrepreneurs ou de créatifs, qui font le choix d’arriver vite sur le marché", liste Thibault Séguret. L’INSEAD ne recrute donc pas en sortie de classe prépa, comme peuvent le faire HEC, l'ESCP ou l'Essec mais plutôt sur la deuxième voie d’admission traditionnelle des écoles de commerce - sur dossier et à bac+3 ou bac+4.
Eléonore, qui sortait d’un bachelor à l’ESCP, et diplômée en 2024, se rappelle son admission. "On a passé le GMAT , puis quelques tests de langue. L’oral se déroule ensuite avec un alumni du MBA. Parfois, c’est quelqu’un qui a eu le parcours que tu souhaites avoir, parfois c’est une simple discussion. J’ai dit que je souhaitais aller vers le conseil, ils m’ont "matchée" avec un Français travaillant dans ce secteur à Londres."
Yanis, admis cette année, a choisi l’INSEAD plutôt que la Bocconi, à Milan. Il raconte avoir rencontré durant son oral un "MBA polonais, à la carrière impressionnante", travaillant chez Pfizer, un grand groupe pharmaceutique.
Empreinte internationale
L’INSEAD cultive le lien avec les étudiants du MBA. Le MiM se déroule sur le même campus, à Fontainebleau, et les promotions des différents cursus sont poussées à se rencontrer via la vie associative et les clubs. "Ce sont des connexions organiques, qui se font naturellement", explique Thibault Séguret.
Ce réseau doit ensuite se tisser à l’international. Aucune nationalité ne représente plus de 20% des étudiants d’une même promotion du MiM, et les alumnis travaillent aux quatre coins du monde. "Pour travailler en France, HEC reste plus intéressant, explique Yanis. Mais l’INSEAD a une forte reconnaissance aux États-Unis, ou en Asie. Un ami a pu rencontrer le chef du Boston Consulting Group, l’un des principaux cabinets de conseil, au Michigan. C’était un ancien du MBA et il a accepté de le recevoir."
Le déroulé du cursus repose d’ailleurs sur cette empreinte internationale : après six mois à Fontainebleau, quatre mois sont passés sur un autre campus de l’école, à Singapour. Un dernier stage d’une semaine permet de découvrir les campus de San Francisco ou Abu Dhabi. "Les étudiants doivent vouloir s’immerger dans une expérience internationale", conclut Thibault Séguret.
Cursus intensif
Le choix du master en un an distingue aussi le MiM des PGE, beaucoup plus long. "C’est très intense, il est parfois difficile de conjuguer université, vie sociale et recherche de travail. J’ai été surprise par la charge de travail", explique Eléonore. Les admis passent par une mise à niveau, à distance, de quatre mois, avant de réaliser un stage, puis d’entrer dans le cursus à proprement parler, long de dix mois.
Cinq périodes, comprenant diverses matières - du codage à l’analyse financière, en passant par la comptabilité - se succèdent, entrecoupées d’examens. Le tout ponctué de travaux de groupes permettant d’appliquer les savoirs reçus. "Un algorithme réaménage les groupes à chaque période, le but est de rencontrer tous les autres étudiants", décrit encore Thibault Séguret.
À la sortie de l’école, c'est le secteur du conseil qui domine dans les recrutements. "Pour moi, l’INSEAD, c’est l’école de la stratégie. La moitié de la promotion était attirée par le conseil", affirme Eléonore.
L’INSEAD évoque des créations d’entreprises fréquentes, à l’étranger majoritairement, et des insertions dans le domaine de la tech, de la finance ou de l’industrie. 97% des étudiants ont reçu une offre d’emploi à la sortie de leur cursus. Côté tarif, le MiM affiche un tarif de 50.000 euros. "Un prix élevé, mais ce sont les mêmes pour les programmes dans une école du top 3", souligne Yanis.