Quelles compétences doivent acquérir les étudiants pour faire face aux enjeux du XXIe siècle ? Quels sont les nouveaux métiers pour soutenir les enseignants du supérieur dans ces transformations ? Comment accroître l'efficacité du tutorat étudiant ?
En 2017, face au fort taux d'échec en licence, l'État dédie une partie des PIA 3 (programmes d'investissement d'avenir) pour faire émerger des réponses, en finançant sur dix ans des projets dédiés aux transformations de l'enseignement supérieur. Le tout, pour un budget total de 326 millions d'euros.
Depuis, 36 projets NCU (Nouveaux cursus à l'université) dans 71 établissements ont vu le jour. Conférences, tables rondes... Les acteurs territoriaux et ceux de l'enseignement supérieur et de l'éducation se sont réunis pour faire un état des lieux des dispositifs.
Organisé les 25, 26 et 27 septembre à Champs-sur-Marne (77), le colloque "NCU, cinq années de transformations de l'enseignement supérieur" avait pour objectif de "capitaliser sur [nos] succès tout en impulsant une nouvelle dynamique collective", rapporte à EducPros, Sacha Bensahel-Mercier, vice-président délégué à l'innovation pédagogique et aux réussites étudiantes, à l'université Gustave Eiffel.
Servir les réussites étudiantes
"Le premier objectif est de favoriser les réussites étudiantes sous toutes leurs formes et pas uniquement à travers le taux de passage de la L1 à la L2 ou le taux de diplomation à trois ou quatre ans, mais aussi de déployer une approche par compétences au sein des établissements de l'enseignement du supérieur et une flexibilisation des parcours en cohérence avec les actions menées dans le cadre du continuum bac-3/bac+3", explique Sacha Bensahel-Mercier.
Comment ? En agissant sur les formations (personnalisation pour répondre aux besoins des étudiants et des projets d'études, articulation aux besoins des métiers d'aujourd'hui et territoires, ainsi qu'aux enjeux socio-économiques) mais aussi en organisant "l'accompagnement aux réussites", précise-t-il. Il peut ainsi s'agir d'orientation et réorientation, de la formalisation du projet d'étude, ou encore du renforcement disciplinaire.
Pour ce faire, le réseau NCU, en collaboration avec l'ANR et les universités lauréates, a réalisé "une cartographie des dispositifs et défini ensemble des thématiques et les actions qui émergeaient du terrain", poursuit Sacha Bensahel-Mercier.
"Les établissements lauréats s'engagent alors dans une multitude de dispositifs pour servir les réussites étudiantes", développe-t-il. À ce jour, 199 dispositifs transférables d'un établissement à l'autre ont déjà germé.
Et qui dit meilleur accompagnement dit émergence de nouveaux métiers dans l'écosystème du supérieur, comme la fonction de conseiller à la réussite pour l'accompagnement des étudiants, expérimenté notamment à l'université de Strasbourg.
Former aux compétences du XXIe siècle
Le concept ne date pas d'hier. Dès 1996, le Rapport Delors mettait déjà en avant les compétences essentielles pour le XXIe siècle : coopération, créativité, esprit critique ou encore communication... Autant d'aptitudes essentielles que le réseau NCU souhaite voir infuser au sein des cursus académiques, impliquant d'importantes évolutions dans les formations elles-mêmes mais aussi des transformations pédagogiques pour les enseignants.
"Pour que l'étudiant, à l'université, développe son esprit critique par exemple, il faut un certain nombre de dispositifs et d'outils pour l'accompagner", assure Ilaria Pirone, professeure en sciences de l'éducation et de l'information, à l'université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis.
"Les modules qui ont été créés pour les réussites des étudiants font partie des maquettes de licence, donc les compétences transversales ont été intégrées", se félicite-t-elle. Des intégrations qui ont demandé "tout un travail politique fort d'acculturation et d'acceptation" autour du concept de compétences transversales
Mesurer la réussite : aller plus loin que le passage en L2
"Au-delà de la réussite en L1 telle que nous la connaissons, nous observons aussi un certain nombre d'indicateurs qualitatifs pertinents à valoriser : le sentiment de réussite de l'étudiant, l'engagement vis à vis de sa filière, la sécurisation des parcours (même en dehors des établissements) l'autonomisation", liste Sacha Bensahel-Mercier. Des indicateurs qui peuvent parfois s'avérer difficiles à mesurer. Plusieurs des 44 thèses financées en lien avec l'appel à projet y sont d'ailleurs consacrées.
"Avec ce colloque, notre premier objectif est pleinement atteint car nous avons pu faire un état des lieux d'un grand nombre de dispositifs dont les descriptifs seront accessibles à toutes et tous grâce aux actes du colloque", se félicite le responsable.
Prochaine étape pour le réseau : mettre en place un laboratoire commun des NCU pour valoriser les dispositifs mis en œuvre mais également "créer des livrables communs sur chacune des thématiques qui ont été identifiées, avec par exemple des guides thématiques (autour des compétences du 21e siècle, de la flexibilisation des parcours, ...)", propose Sacha Bensahel-Mercier.
