
Le réseau des Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) a annoncé sa feuille de route pour 2024-2028, lors d’une conférence de presse, ce mardi 5 novembre. Ces lignes directrices concerneront les 26 Crous de France, "tout en reconnaissant et en valorisant les différences selon les Crous, avec des situations hétérogènes entre Limoges, Pointe-à-Pitre ou Créteil", précise Bénédicte Durand, présidente du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) depuis février 2024.
Le Cnous l’assure, les conditions de vie au travail seront "le chantier phare de l’année 2025". Chaque Crous devra par conséquent présenter un plan spécifique QVCT (qualité de vie et conditions de travail). Ces plans seront ensuite discutés lors du dialogue stratégique de gestion 2025, afin de créer une charte commune.
Du côté de son action auprès des étudiants, le réseau des Crous veut élargir le nombre de bénéficiaires, tant au niveau des logements que de la restauration.
Harmoniser les rémunérations des personnels
Bénédicte Durand affirme aussi sa volonté d’harmoniser les rémunérations, dans une perspective de rattrapage, notamment pour les rémunérations les plus basses. Les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes devraient aussi être prises en compte.
Le Cnous prévoit également un soutien accru pour construire des parcours d’évolution de carrière, y compris par la voie des concours internes, et un accompagnement spécifique pour les fins de carrière. Sur ces sujets, un agenda social sera partagé avec les organisations syndicales avant la fin du premier trimestre 2025.
Elargir le cercle de bénéficiaires étudiants
Le gouvernement s’était engagé en 2023 à créer 35.000 nouveaux logements étudiants d’ici 2027. Si le Cnous soutient ce projet, Bénédicte Durand a rappelé l’importance du soutien de l’État pour construire des logements. Le Cnous veut par conséquent accélérer la construction de nouveaux logements ainsi que la réhabilitation. Dans le projet de loi de finances (PLF) 2025, 25 millions d’euros sont dédiés à cet objectif.
"Nous avons actuellement 24 places pour 100 demandes d’étudiants boursiers. Nous faisons mieux chaque année, mais il y a une marge de progression", reconnait Bénédicte Durand.
"Chaque année, nous sommes capables d’ouvrir 2.000 à 3.000 nouvelles places, dans le cadre de logements construits par le Cnous ou par des bailleurs. Notre objectif est de passer à 4.000 places de plus par an", annonce Clément Cadoret, directeur général délégué du Cnous.
Cartographier les besoins en logement
Au printemps, une cartographie sera finalisée afin d’identifier les zones où il faudra construire. "Il s’agit de construire là où les étudiants en ont besoin. Dans certaines villes, comme à Clermont-Ferrand, le privé coûte le même prix que le Crous. Il y a aussi des territoires où l'on ne construira plus de neuf, par exemple à Paris", explique la présidente du Cnous.
Dans les cas où de nouveaux bâtiments ne peuvent être construits, le Cnous s’intéresse à la surélévation des résidences, comme cela a été fait à Bordeaux.
"Nous travaillons aussi à l’identification du foncier de l’État disponible. A Nîmes, par exemple, la collectivité nous a mis du foncier à disposition", précise Bénédicte Durand. Une convention va par ailleurs être passée dans les prochains jours avec des bailleurs.
Elargir l’accès aux repas
Côté restaurants universitaires, le Crous a également augmenté la voilure. Cette année, 2.500 nouvelles places ont été ouvertes dans les services de restauration, notamment dans les métropoles en tension, comme à Bobigny et au Kremlin Bicêtre. Des ouvertures sont aussi prévues dans d’autres villes, comme Aurillac et à Rodez.
Le levier le plus rapide reste cependant le développement d'offres en partenariat avec le privé, la construction de nouvelles structures prenant plusieurs années. Dans ce cadre, le PLF 2025 prévoit 13 millions d’euros supplémentaires pour la mise en place de la loi Levi, ce qui porte le crédit à 38 millions d’euros. Des efforts doivent en effet être portés sur l’offre de restauration dans les zones blanches. De nombreux étudiants sont loin des restaurants universitaires, et n’ont ni les moyens ni le temps de se déplacer.
"Les étudiants infirmiers notamment, sont souvent loin des structures de restauration et d’hébergement. C’est une population qui nécessite qu’on aille plus vers elle", illustre Bénédicte Durand.
Le réseau des Crous dispose pour l’instant de 171 agréments, qui permettent aux étudiants des zones blanches de se restaurer à des prix économiques dans des structures privées. Cette année, près de 50 nouveaux agréments seront conclus.
Des restaurants de plus en plus fréquentés
Le réseau Crous a connu une très forte croissance cette année, avec 11% de repas servis en plus par rapport à l’année dernière. "Cette augmentation est portée par les repas à un euro, réservés aux boursiers, qui représentent désormais quasiment la moitié des repas", explique Bénédicte Durand.
Dans ce contexte, l’élargissement du repas à un euro aux non-boursiers, porté par les syndicats étudiants, serait difficile à mettre en place selon le Cnous. "Nos restaurants sont de plus en plus fréquentés à chaque rentrée, avec des équipes sous une tension de travail extrêmement forte. Si l’offre était plus avantageuse en s’ouvrant à tous les étudiants avec le repas à un euro, il y aurait une tension encore plus forte. Il y a donc un enjeu de moyens", affirme Bénédicte Durand.
Selon Clément Cadoret, les structures peinent déjà à accueillir tous les étudiants. "Les files d’attente sont extrêmement longues et denses, avec des étudiants qui doivent libérer leur place le plus vite possible et déjeunent en 15 minutes", décrit le directeur général délégué. Pour le Cnous, l’élargissement du repas à un euro ne règlera pas complétement la question de la restauration sociale étudiante si les files d’attente continuent à augmenter et que les zones éloignées des restaurants universitaires ne sont pas couvertes.
La construction d’un restaurant universitaire prenant trois à quatre ans, le réseau privilégie donc le développement des agréments avec le privé.
Simplifier le système de bourses
Interrogée sur la réforme des bourses entamée par le gouvernement, et laissée en suspens depuis le changement de ministre, Bénédicte Durand indique que le Cnous "travaille depuis le début sur une réforme paramétrique ou systémique" en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur. "Le chantier est resté ouvert jusque-là", ajoute-t-elle.
De son côté, le Cnous souhaite revoir le système de traitement des demandes de bourses afin de simplifier les démarches et de lutter contre le non-recours. "Quoi qu’il arrive, nous travaillons sur un nouveau système d’information des bourses, et une simplification de dépôt des demandes", précise Clément Cadoret. Ces changements sont prévus pour le printemps, avec notamment une récupération automatique de certaines données comme la situation fiscale.
Le réseau est également engagé dans la mise en œuvre d’un guichet social étudiant unique, dans le cadre de la simplification de l’accès aux droits.
Transition écologique : le Cnous a baissé ses émissions de CO2 de 4,5% en 2023
"Tous ces objectifs sont placés sous le signe de la transition écologique, avec un objectif de réduction de 4,7% des gaz à effet de serre par an", affirme Bénédicte Durand. En 2023, le Cnous a baissé ses émissions de 4,5%, soit 11.300 tonnes de CO2 en moins par rapport à 2022.
Au niveau de l’hébergement, le Cnous a réduit de plus de 10% ses émissions de CO2 par rapport à 2022, en baissant sa consommation d’énergie. Concernant la restauration, les émissions de CO2 ont baissé de -3,5%, notamment en servant moins de viande rouge dans les restaurants universitaires.